Dr Emmanuel BENSIGNOR
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Les cancers de la peau

  

Une tumeur est constituée par la multiplication de cellules de manière autonome, c'est à dire qu'elles ont tendance à proliférer sans se soumettre aux facteurs habituels de contrôle par l’organisme.

Attention donc à différencier la tumeur, qui apparaît le plus souvent sous la forme d'un nodule (une "boule") sur la peau, d’un certain nombre de processus qui ne relèvent pas du même mécanisme, mais qui peuvent, cliniquement, lui ressembler: kystes, hématomes, inflammation.

Une notion importante à connaître est la distinction fondamentale entre une tumeur bénigne et une tumeur maligne. Une tumeur bénigne est une tumeur qui ne présente pas d’agressivité locale ni générale, alors qu’une tumeur maligne se comporte agressivement, a tendance à réapparaître après une chirurgie et envahit les tissus voisins. Un cancer provoque des métastases, c’est à dire qu'apparaissent des tumeurs secondaires, à distance de la tumeur primitive.

 


Les tumeurs cutanées et sous-cutanées sont les tumeurs les plus communes du chien, puisqu’elles représentent selon certaines études 30% de toutes les tumeurs de cette espèce. Environ 5 chiens sur mille développeront une tumeur de la peau.

La plupart du temps, l’origine de la tumeur est inconnue. Cependant, pour les tumeurs de la peau, certains facteurs de risque ont été établis: ainsi des virus peuvent être parfois mis en cause et un dysfonctionnement hormonal peut être à l’origine du développement de certains cancers cutanés. Les rayonnements solaires sont chez le chien comme chez l'homme responsables de l'apparition de tumeurs de la peau. Heureusement, les chiens possèdent un pelage qui normalement les protège des rayons ultra-violets. Il ne faut cependant pas sous-estimer leur rôle néfaste sur la peau, notamment chez les chiens blancs à poils courts, qui sont mal protégés car ils possèdent peu de pigments dans la peau. 

La multiplication excessive des cellules tumorales est à l’origine de modifications cutanées qui passent d’abord inaperçues, mais qui rapidement provoquent des signes cliniques, qui doivent « faire penser cancer ».  Il s’agit essentiellement de lésions en relief, sous la forme de plaques, d’excroissances, de nodules, de plus ou moins grande taille, qui peuvent s’ulcérer et saigner. Ces lésions apparaissent dans n’importe quelle zone du tégument cutané, et évoluent plus ou moins rapidement. Retenons que l’aspect des différents types tumoraux est dans l’ensemble relativement semblable, même si certaines tumeurs peuvent avoir des caractéristiques évocatrices. 

La conséquence directe est la difficulté, voire l’impossibilité d’affirmer le caractère agressif ou inoffensif de la tumeur d’un point de vue clinique et la nécessité d’avoir recours le plus rapidement possible à des examens complémentaires. Ainsi, il n’est pas possible de prévoir le comportement d’une tumeur de petite taille, sous prétexte qu’elle évolue lentement et semble peu agressive. Il est indispensable de faire pratiquer rapidement une exérèse par votre vétérinaire, et une analyse afin d'être fixé au plus vite.

D’autre part, il faut également noter que certaines tumeurs cutanées peuvent se manifester sous des formes cliniques très déroutantes, difficiles à diagnostiquer au prime abord: rougeur généralisée de la peau, empâtement  cutané localisé, déformation du museau...

En outre,  certaines tumeurs cutanées sont responsables de l’apparition de syndromes dits paranéoplasiques, c’est à dire qui accompagnent son développement, mais sans rapport direct avec sa présence « physique ». Ainsi, on peut observer des vomissements, une diarrhée, un amaigrissement, une soif augmentée, des troubles sanguins, une anémie... Ces signes sont dans certains cas de véritables sonnettes d’alarme qui permettent d’attirer l’attention vers la présence de telle ou telle tumeur de la peau, jusque là passée inaperçue.

Le diagnostic de tumeur cutanée est le plus souvent relativement aisé. En effet, elle est directement visible sur le tégument. Attention cependant, car la confusion est facile avec d’autres causes de lésions en relief et, à l’inverse, on peut très facilement passer « à coté » d’une tumeur de la peau. Dans certains cas, votre vétérinaire recherchera une atteinte générale, d’éventuelles répercussions sur certains organes internes (poumons, foie...), l’envahissement des ganglions, ce qui peut nécessiter l'utilisation de radiographies, d'échographie, parfois même du scanner. Cette recherche est particulièrement importante car elle conditionne directement le pronostic. Une tumeur isolée est de meilleure augure qu’une tumeur avec métastases dans le poumon et le système nerveux central par exemple. Cette partie du diagnostic se nomme bilan d’extension du processus tumoral.

Il faut également identifier précisément le type de tumeur en cause. Ceci nécessite la mise en oeuvre de divers examens complémentaires, dont les plus importants seront l'examen au microscope des cellules responsables après une petite ponction de la boule, ou l’histologie après biopsie de la tumeur.

Enfin, on pourra décider de traiter la néoplasie. Retenons à ce sujet que plus le traitement est instauré précocément, meilleures seront les chances de réussite. En cancérologie chaque instant est précieux, et il est indispensable de réagir vite et bien: l’attentisme ne paie pas et il est potentiellement dangeureux, sauf cas particuliers, de laisser évoluer une tumeur cutanée.

La chirurgie est indéniablement l’élément thérapeutique de choix en oncologie cutanée. Elle sera mise en place précocement, et devra être large: il ne faut en effet pas laisser en place de cellules tumorales sous peine de récidives. On pourra, selon les cas, lui associer une radiothérapie et/ou une chimiothérapie. En règle générale, les tumeurs à potentiel de récidive locale élevé seront traitées par radiothérapie, celles qui métastasent par chimiothérapie, et celles qui présentent les deux types de risque par les deux types de thérapeutique associées.