Les dermatites hormonales
Les dermatoses endocriniennes (dues à des déséquilibres hormonaux) sont nombreuses. En effet de nombreuses hormones ont une action sur la peau et le pelage, et toute anomalie d'une de ces hormones peut rapidement être à l’origine d’un trouble de fonctionnement des follicules pileux, et donc d'une alopécie (chute des poils).
Quelle que soit l'hormone en cause, on retrouve des symptômes assez semblables, au moins au début de l'évolution. Initialement, le poil apparaît de mauvaise qualité, c'est à dire terne, peu lustré et cassant. Il s’épile facilement, et a tendance à tomber d’abord sur les zones de frottement (cou en particulier) et sur les flancs. En règle générale, les extrémités (tête, pieds) et la surface dorsale ne sont pas atteints.
En fonction de l'hormone responsable des lésions, d'autres symptômes peuvent apparaître : fatigue, frilosité, amincissement de la peau, tendance à boire ou à manger beaucoup, vomissements etc...
Les démangeaisons sont rares dans ces dermatoses, mais il peut exister des pièges: en effet, un trouble hormonal a souvent tendance à favoriser l'apparition d'une infection cutanée, qui peut être à l'origine de grattage.
Enfin, ces maladies peuvent potentiellement être graves, car dans certains cas elles signent l'évolution d'une tumeur interne. En cas de signes cutanés compatibles, il ne faudra donc pas attendre pour consulter votre vétérinaire.
L’hyperadrénocorticisme ou syndrome de Cushing
Il s’agit de la plus fréquente des dermatoses hormonales chez le chien, due à une imprégnation anormale de l’organisme par des glucocorticoïdes (mieux connus sous le nom de cortisone). Sous ce terme, on regroupe en réalité trois types différents en fonction de l'origine de la maladie. Il peut s'agir de la présence d’une tumeur au niveau des glandes surrénales, qui sécrètent à l'état normal la cortisone endogène, d'une hypersécrétion hormonale par l’hypophyse (une partie du cerveau) qui provoque une production accrue de corticoïdes par les surrénales ou de l'utilisation irraisonnée de médicaments comportant de la cortisone ou certains de ses analogues. Il est extrêmement important de différencier parmi ces différentes causes, car le pronostic et le traitement seront très différents. Ainsi les tumeurs des surrénales peuvent parfois être des cancers, de mauvais pronostic. A l'opposé, si la maladie est liée à des traitements abusifs, il suffira d'arrêter ces traitements pour que tout rentre dans l'ordre.
Les Caniches sont très nettement prédisposés à développer cette maladie, mais elle est également rapportée dans d'autres races, comme les Boxers ou les Teckels.
Le tableau clinique est très riche. Il associe des troubles dermatologiques et des signes généraux (augmentation de la prise de boisson, de la prise de nourriture, abdomen penduleux, atrophie musculaire, léthargie...). Au niveau cutané, on note une chute des poils, qui est bilatérale et symétrique, c'est à dire retrouvée de chaque côté du corps. S'y associent le plus souvent d'autres symptômes, comme une peau amincie, atrophique, avec des comédons et des vaisseaux dilatés. L'apparition de nombreuses pellicules est souvent associée. Le diagnostic est complexe. Il nécessite la réalisation de multiples bilans sanguins, et parfois le recours à des techniques sophistiquées comme l'échographie ou le scanner.
Le traitement est variable en fonction de la cause (chirurgical en cas de tumeur surrénalienne, médicamenteux sinon).
L’hypothyroïdie
Qu'est-ce que l'hypothyroidie?
L’hypothyroïdie est un syndrome, dû à une diminution, une absence ou un défaut d’activité des hormones thyroïdiennes dans l’organisme. Les hormones thyroïdiennes sont synthétisées par la glande thyroïde, située de part et d’autre de la trachée chez les carnivores domestiques. Il existe différentes hormones thyroïdiennes, dénommées en fonction de leur poids, qui possèdent des activités diverses dans l’organisme. Les effets biologiques des hormones thyroïdiennes sont très nombreux (action sur la croissance, sur la consommation d’oxygène et le métabolisme des nutriments, sur le système nerveux, sur la peau …).
Comment se manifeste-t-elle?
L’apparition des symptômes de l'hypothyroïdie est lente et insidieuse. Les animaux atteints sont le plus souvent des adultes (4-9 ans). Il n’existe pas de prédisposition sexuelle. Les chiens de grande taille ou de race géante sont prédisposés et peuvent développer des symptômes précocément (dès l’âge de 2 ans). Les races à risque sont nombreuses : Golden retriever, Dobermann, Setter Irlandais, Shetland, Airedale Terrier, Cocker, Schnauzer, Teckel, Chow-Chow, Boxer, Dogue Allemand, …
Des signes généraux...
La liste des signes cliniques est longue. Sur le plan général, on peut noter une fatigue, un abattement, une frilosité, une prise de poids, une baisse du rythme cardiaque et des infections récidivantes. Des anomalies sexuelles sont parfois notées (atrophie testiculaire, infertilité, anestrus, galactorrhée). On rencontre moins souvent des troubles musculaires (myopathie, pseudomyotonie), neurologiques (paralysie faciale ou laryngée), oculaires (dystrophie cornéenne de type lipidose) ou du comportement (agressivité).
Et des anomalies de la peau.
Sur le plan cutané, les modifications dermatologiques sont nombreuses et peu typiques. On note initialement des modifications de la qualité du pelage, qui devient sec, terne et cassant. Un épaississement cutané et une hyperpigmentation sont notés plus tardivement. La chute des poils est lente à s’installer. Il s’agit d’une chute par non renouvellement du poil. Les zones de frottements (collier, flancs, thorax, queue, points de pression) sont atteintes en tout premier lieu. En fin d’évolution, l’aspect est celui d’une chute des poils importante, atteignant d’abord les flancs, pour devenir généralisée en épargnant toutefois la tête et les extrémités des membres. Un retard de pousse des poils après une tonte ou un toilettage peut aussi être évocateur. Des infections cutanées récidivantes sont également fréquentes chez ces chiens.
L’hypothyroïdie est, vraisemblablement, la dysendocrinie la plus surdiagnostiquée dans l’espèce canine. Son diagnostic est en effet délicat car les symptômes sont nombreux et peu spécifiques. D’autre part, de nombreuses affections peuvent perturber le fonctionnement thyroïdien. Enfin, aucun test diagnostique fiable à 100% n’est disponible en médecine vétérinaire actuellement.
Le traitement consiste en une supplémentation hormonale à vie. Cette supplémentation fait appel à l’administration d’hormones thyroïdiennes. La dose d’hormones à administrer est à adapter à chaque chien en cours de traitement. Ceci nécessite des visites régulières de contrôle pour bilans sanguins. Il faut noter que les doses employées chez le chien sont nettement supérieures à celles employées chez l’homme, du fait de différences de métabolisme des hormones thyroïdiennes dans les deux espèces.
Autres maladies hormonales
D’autres dysendocrinies, moins fréquentes et moins bien connues, peuvent être rencontrées: déséquilibres des hormones sexuelles, de l’hormone de croissance, dermatose améliorée par la castration.
Ces maladies sont rares et complexes. Les dosages d'hormones ne sont pas toujours faciles à réaliser et à interpréter dans ce cas de figure. D'autre part, ces entités sont encore mal cernées par les dermatologistes et les endocrinologistes vétérinaires.
Votre vétérinaire saura vous conseiller sur ces maladies, si votre chien en souffre. Malheureusement, dans bien des cas, aucun traitement réellement efficace n'est disponible.