La dermatite atopique canine
La dermatite atopique du chien est une dermatite allergique liée à la pénétration dans l'organisme de substances normalement inoffensives ("allergènes") par voie respiratoire et aussi directement à travers la peau. Cette maladie provoque des symptômes principalement cutanés chez nos animaux de compagnie.
Des allergènes ubiquitaires
Les allergènes sont présents partout dans notre environnement. En Europe il s’agit principalement d’acariens microscopiques, mais aussi de squames, de moisissures, de tissus et de pollens présents dans l’atmosphère. Les acariens vivent partout dans nos maisons et nos appartements; ils se nourrissent de squames et de débris d’origine animale, et on les retrouve principalement dans les matelas, les fauteuils, les coussins, la moquette... L’acarien le plus fréquemment incriminé dans la dermatite atopique du chien est un acarien de la poussière de maison, Dermatophagoïdes farinae.
Docteur, mon chien se gratte!
L’âge d’apparition est situé entre 1 et 6 ans. Certaines races sont prédisposées comme le Boxer, le Labrador, le Labrit, le Setter et toutes les races Terriers. Les races Cocker et Teckel seraient relativement épargnées. Le phénomène essentiel est l’apparition de démangeaisons sans lésions au départ: l’animal se gratte (ou se lèche) d’abord les pieds et la face; parfois tout le corps peut être atteint. Une otite peut être le seul signe clinique de cette maladie. On peut parfois noter quelques éternuements ou une conjonctivite. Rapidement, on observe des lésions secondaires au grattage, se manifestant par des croûtes, une chute de poils (alopécie), un épaississement de la peau, une odeur rance (séborrhée), voire même une infection cutanée secondaire. Le poil des régions enflammées et humidifiées par la salive au moment du léchage prend souvent une teinte rougeâtre.
Diagnostiquer l'allergie
La mise en évidence de l’allergie est parfois difficile; elle fait appel à des tests allergologiques. Ces tests peuvent être réalisés directement sur l'animal, on parle d'intradermoréactions. Ils consistent à injecter dans la peau une petite quantité de chaque allergène, et à observer si une réaction apparaît après quelques minutes. On ne réalise pas chez le chien les mêmes tests que chez l'homme, les prick tests qui consistent à piquer la peau avec une petite lancette. En effet, la peau du chien est très fine et ces tests ne sont pas interprétables dans l'espèce canine.
Un traitement difficile
Le traitement idéal serait de faire l’éviction de l’allergène; mais il est très difficile à réaliser: on ne peut empêcher un chien d’inhaler des acariens de la poussière de maison (il y en a 300 par gramme!). On fait donc appel à la désensibilisation. Le principe est d’injecter régulièrement des extraits de la substance allergisante, afin de réduire la sensibilisation de l’animal. Ceci nécessite des injections sous la peau d’abord toutes les semaines, puis tous les 15 jours et enfin tous les mois. Cette désensibilisation (aussi appelée immunothérapie) est longue: il faut attendre 6 à 12 mois en général pour obtenir des résultats satisfaisants; parfois, ce traitement doit être poursuivi toute la vie de l’animal. Les résultats sont bons, puisque 70 % des animaux sont contrôlés par ce moyen. Il faut cependant retenir que l’allergie ne sera jamais tout à fait guérie, mais simplement stabilisée.
Enfin, il est presque toujours nécessaire au départ d’améliorer l’état de la peau, en employant des traitements symptomatiques, sous forme de shampooings, parfois d’anti-inflammatoires.
La dermatite atopique est donc une maladie complexe qui demande beaucoup de motivation et de patience.
La désensibilisation
Utilisée depuis des décennies dans le traitement des maladies allergiques de l'homme, cette technique est également préconisée avec succès dans le traitement de la dermatite atopique du chien. Son principe est séduisant: mettre l'organisme progressivement en contact avec des doses de plus en plus fortes de la substance à laquelle il est allergique, pour qu'il s'y habitue peu à peu.
Chez l'homme la désensibilisation peut provoquer des chocs graves et est donc réalisée sous contrôle médical. Chez le chien, aucune précaution particulière n'est à prendre, sauf cas particuliers, car ce traitement est très bien supporté dans l'ensemble. En règle générale, vous pouvez réaliser les injections vous-même. Les laboratoires d'allergologie fournissent tout le matériel nécessaire.
La désensibilisation doit être poursuivie toute la vie de l'animal sous peine de rechutes.
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